En octobre 2022, le conseil municipal de Sainte-Justine soulignait les 40 années de service du directeur général Gilles Vézina. Plus récemment, la Chambre de commerce de Sainte-Justine faisait de même lors d’un 5 à 7 marquant la relance de ses activités.
Lors d’un entretien avec le journal, Gilles Vézina a reconnu ne pas être à l’aise avec les honneurs, lui qui n’a jamais cherché l’attention médiatique ou à attirer les réflecteurs sur lui. Avec la générosité qu’on lui connaît, ce dernier a accepté de revenir sur sa carrière qui s’est amorcée en octobre 1982.
Résident de Sainte-Justine à compter de 1980, il souligne que c’est un peu un concours de circonstances qui l’a mené à la direction générale de sa localité d’adoption.
« Je venais de compléter mes études en administration et les emplois ne pleuvaient pas à ce moment. J’ai postulé et ils m’ont embauché », mentionne-t-il en rappelant que le maire de l’époque, le docteur Jean-Yves Larochelle, n’avait pas pris part au processus d’embauche, car il venait d’annoncer son départ de la mairie, un an avant la fin de son mandat.
« C’est Paul Audet qui a terminé le mandat, mais il ne s’est pas représenté par la suite. Le plus drôle, quand mon père était secrétaire-trésorier à Sainte-Rose, c’est le père de Paul qui était maire à Sainte-Justine », se remémore-t-il en riant.
C’est donc à titre de secrétaire-trésorier que Gilles Vézina a été embauché en octobre 1982. Il était loin de penser que 40 ans plus tard, il serait toujours en poste. « La tâche a beaucoup changé au fil des ans, c’est certain. Quand j’ai commencé, Raymonde Lachance était l’adjointe administrative et Viateur Tanguay était inspecteur municipal. Nous étions les trois seuls employés de la municipalité », précise-t-il en rappelant qu’aujourd’hui, la municipalité de Sainte-Justine compte une dizaine d’employés réguliers et saisonniers, sans oublier les contractuels, ceux de l’œuvre des loisirs et de la régie chargée de la collecte des déchets.
« Je fais la comptabilité des deux organisations, ça fait partie de mon travail. Je m’implique également auprès d’organismes, que ce soit pour mon travail ou par intérêt », rappelle-t-il également.
Six maires en 40 ans
En un peu plus de 40 années de service, Gilles Vézina dit avoir côtoyé six maires, sans oublier les différents conseils municipaux, avec lesquels il a développé une belle complicité. Après Paul Audet (un an) et Roland Cayouette (deux ans et demi), il a œuvré auprès de Raymond Marceau qui a été en poste près de 15 ans (jusqu’en 2001). Ont suivi Marcel Morissette pour deux mandats (2001-2009), Denis Beaulieu (2009-2017) et Christian Chabot au cours des six dernières années.
« Il est important pour un directeur général d’avoir une bonne connexion avec le maire, même si c’est le conseil est souverain. Une fois que les décisions sont prises, c’est à nous de les exécuter. Comme Christian le dit, c’est à moi que revient la gestion de la municipalité au quotidien », indique le principal intéressé qui convient que le travail de secrétaire-trésorier d’une municipalité, aujourd’hui directeur général, a beaucoup évolué.
Exigences et normes
Il va sans dire qu’au fil des ans, le travail de directeur général de municipalité est devenu plus complexe. S’il semble plus que s’en accommoder, il dit trouver difficile l’imposition de nombreuses normes, notamment au niveau provincial.
« Les nombreuses fraudes qui sont survenues au fil des ans à Montréal et dans la couronne montréalaise, notamment, ont eu un impact certain sur les administrations municipales. Tout le monde passe pour des croches, alors que pour la grande majorité, ce n’est pas le cas », déplore-t-il en ajoutant que dans ce contexte et toutes les vérifications auxquelles les municipalités doivent s’astreindre, ce n’est pas une surprise que tous les coûts aient explosé.
Il déplore aussi que toutes les normes et restrictions imposées au fil des ans aient alourdi la tâche des municipalités. « Au privé, quand tu as besoin de quoi, tu l’achètes et c’est tout. Au niveau municipal, cependant, ça prend des résolutions de toutes sortes, il faut préparer des devis de performance quand tu veux acheter des camions, et tout justifier. »
Les effets de la réforme Ryan
À cet effet, il rappelle que la Réforme Ryan, menée par l’ancien ministre des Affaires municipales Claude Ryan au début des années, avait eu un effet important sur les municipalités qui sont devenues plus autonomes. Cela a également eu un effet sur la fonction de secrétaire-trésorier.
» Quand je suis arrivé ici, l’employé municipal avait à peu près juste une pelle ronde ou deux. À part que la municipalité devait ajouter 14 cents du 100 $ d’évaluation à l’époque, cette réforme n’a pas été si mauvaise que cela, avec le recul « , soutient M. Vézina qui rappelle que les municipalités de Sainte-Justine avaient dû se prendre en main, s’équiper et embaucher du nouveau personnel.
» On avait les mêmes services de base qu’aujourd’hui, soit l’aqueduc et les égouts, mais dès qu’il y avait un problème au niveau de la voirie, il fallait louer des pelles mécaniques ou des équipements pour faire le travail requis « , précise-t-il en rappelant que jusque-là, le ministère des Transports avait à sa charge l’entretien des routes, incluant les rangs, et que cela prenait du temps avant que ce dernier n’intervienne, bien souvent.
Difficile pour tous
Si la lourdeur de la règlementation municipale a rendu la tâche des directeurs généraux comme lui plus complexe, c’est également le cas pour les élus municipaux qui, rappelle-t-il, ne sont pas payés cher pour faire ce qu’ils font.
» On dirait que les gens ont de moins en moins d’intérêt pour cela non plus. Devrons-nous réduire la taille des conseils municipaux dans le futur ? Il y a aussi toute la question du harcèlement auquel les élus sont confrontés à la grandeur de la province. On ne voit pas cela nécessairement dans le coin, heureusement, car Sainte-Justine n’est pas un milieu difficile « , insiste-t-il en ajoutant que si les gens ne se gênent pas, parfois, pour dire ce qu’ils veulent, tout se fait toujours dans le respect.
Quelques dossiers chauds
Comme pour toute municipalité, les dossiers chauds n’ont certainement pas manqué au fil de sa carrière à Sainte-Justine. À cet effet, M. Vézina cite la municipalisation de l’entretien des chemins d’hiver qui faisait jaser dès son arrivée à la municipalité et s’est réglée en 1993 avec l’achat des premiers équipements en ce sens. « Dès que je suis entré en poste avec Paul Audet comme maire, c’était un sujet chaud et les gens en parlaient à chaque fois que nous allions en soumission. Les gens étaient divisés sur le sujet et il y avait beaucoup de monde qui venait aux réunions du conseil », indique-t-il.
S’il se réjouit des nombreux investissements réalisés au fil des ans par la municipalité, notamment au niveau du réseau d’aqueduc et d’égouts ou encore de l’agrandissement du parc industriel qui devrait se concrétiser sous peu (tous les terrains ou presque sont déjà vendus, comme dans le premier). Il a dit bien sûr espérer que celui de la construction d’un nouveau bâtiment de services au Centre sportif Claude-Bédard, qui est toujours en attente, puisse se régler dans un proche avenir.
« La municipalité a beaucoup évolué depuis 40 ans, on a toujours plein de projets et c’est agréable en ce sens-là aussi. Christian Chabot (le maire actuel) a toujours plein de projets en tête et c’est stimulant aussi. J’ai toujours eu des conseils proactifs et personnellement, on réfléchit toujours à ce qu’on peut faire pour améliorer notre municipalité. »
Bons mots du maire Chabot
Invité à commenter le travail de son directeur général, le maire Christian Chabot ne tarissait pas d’éloges envers celui « qui se donne totalement pour la municipalité. »
« Ce n’est pas juste un travail pour lui, c’est une mission qu’il s’est donnée et il prend cela à cœur. Être directeur général d’une municipalité pendant 40 ans tout en vivant dans le village, ce n’est pas facile de dire non au monde de temps en temps et il a réussi à faire la séparation. Il est impliqué dans tous les comités qu’on a à Sainte-Justine et s’occupe de tous les comptes-rendus. C’est très apprécié, il est un gars très respecté dans la localité. »
La retraite en 2025 ?
Aujourd’hui âgé de 63 ans, Gilles Vézina dit toujours aimer son travail et souligne qu’il ne songe pas vraiment à la retraite pour le moment, même si celle-ci surviendra plus tôt que tard. « J’aurai 65 ans en 2025. Je n’ai pas de date de fixée ou de date de péremption », dit-il en riant.
Source et crédit photo : La Voix du Sud – Serge Lamontagne
Last modified: 24 mai 2023